Des.. urbanisées

Des..urbanisées. Le jeu de mots est facile, mais je le prends très au sérieux. Peu de gens sur les photographies de cette série, pourtant ils sont omniprésents, dans les détails, dans les traces. Prélude à Droit dans le mur, ces photographies proposent de regarder l'urbanisation avec une certaine ouverture du cadre, du champ de vision. Pour mettre en perspective le rapport à l'autre à travers nos systèmes d'exploitation, d'organisation et d'aménagement des espaces. Pensés globalement, ils portent pourtant les marques des bricolages individuels. C'est cette présence particulière de l'humain dans le vide du général qui m'intéresse.

J'aime beaucoup le travail de Mitch Epstein, notamment sa série American Power qui chatouille la relation entre l'homme et le paysage, à-travers le prisme de l'énergie, pour montrer la confiscation de la nature par une humanité éprise de domination. Ce que je propose ici est plus large, volontairement désordonné. Afin d'aller à la rencontre d'une tentative d'ordonner un désordre caché -ou pas (Naples en est un merveilleux exemple: quelques pas de côté depuis le Corso Umberto I ou dans la continuité du Spaccanapoli, et on y est. On tranche à vif dans le pus; l'aseptisation n'est qu'une façade -une de plus.

Aseptisée, la fraîche HafenCity de Hambourg: un gigantesque concours d'architecture qui a sélectionné les projet les plus ambitieux. Les immeubles surgissent à qui mieux-mieux. Bref, un port méconnaissable pour quiconque n'est pas retourné s'y balader ces dernières années. Entre autres, une réalisation de LOVE architecture (Graz/Autriche -2008) qui récupère des lignes typiques des années 70. Les lignes, mais pas les prix! Une urbanisation de luxe (Philippe Starck a dégainé son crayon pour quelques projets) qui voit pousser des champignons ultra-modernes jusqu'à plus de 10'000€ le m2. C'est extraordinaire à photographier, mais ça s'arrête là -pour moi en tout cas..

 

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Photographies argentiques réalisées au Leica M6, parfois M2.